"Dizainiers Scout"

A propos du Dizainier scout

Les anneaux–dizainiers dits « anneaux basques »

(Dans " Le Chef" du 13 octobre 1933 -- ref site 3w.rsetp.fr)

 

                    On vend dans les petites bijouteries des plages basques des anneaux d’argent de divers modèles, consistant en un disque plus ou moins épais, chargé de dix grains et surmonté d’une croix. Ce petit bijou est très prisé des visiteurs à qui il est présenté comme un « chapelet basque ». C’est ainsi qu’un peu partout, à Paris notamment, se vendent de ces anneaux réputés basques.     

                  Quelle est l’origine de cet anneau dit basque ? 

                  1. - Les archéologues basques sont unanimes à nier l’origine basque de ce bijou récemment mis à la mode dans les villes d’eau basques (Bayonne, Biarritz, Saint-Jean-de-Luz).  En fait, le bijou n’a rien d’un type populaire basque ; les gens du peuple ne le connaissent pas et les pêcheurs ne s’en servent pas. Tout fait donc croire à une importation étrangère, relativement récente, dans les commerces de bijoux pour les villégiateurs ou les curieux. 

       2. – En réalité, cet anneau se rattache à une tradition populaire très ancienne, et, en France du moins, très universellement florissante dont on peut fixer deux types principaux :    

        La bague proprement dite avec chaton : sur un cercle plus ou moins gros sont disposés 10 (ou 12 ou 13) petits grains avec en leur milieu un chaton formé d’une médaille ou d’une croix.         

         En son livre sur le Costume ecclésiastique, T1, p 176, Barbier de Montault dit que les Chevaliers de Malte portaient de ces bagues et rappelle qu’en 1836 la Congrégation romaine des rites refusa d’appliquer à ces « chapelets-basques » les indulgences du Rosaire et des chapelets à chaîne. 

         Cette privation d’indulgence n’empêcha pas les bagues-chapelets d’être très populaires et de se perpétuer. On en trouve encore en province et à Paris chez les petits marchands d’objets de piété.     

         L’origine de ces bagues est certainement ancienne. Le conservateur du Musée Dauphinois de Grenoble témoigne qu’à son avis elles remontent au XVII° siècle et peut-être au XVI° siècle, et une Versaillaise nous a montré une bague nettement du XVIII° siècle.     

        On conserve notamment dans l’église du Pin-en-Mauges la bague de Jacques Cathelineau, bague rustique, que, paysan, il portait le 13 mai 1793, quand il souleva la Vendée et qu’il garda jusqu’à sa mort. La tradition assure que Cathelineau récitait sur elle son chapelet : Pater au chaton, Ave aux facettes. (…)       

        On le voit sous la forme d’anneaux-basques ou disques, le dizainier qui tourne autour du doigt est un objet de tradition très ancienne. M. Deloche ne craint pas de penser au XVI° siècle, voire au XV° siècle. Très commode, il a été employé par les rouliers, les pêcheurs, les soldats comme chapelet d’hommes, les femmes l’ont utilisé surtout comme bague. Loin de se confiner à la province basque, nous le voyons apparaître sur tout le territoire, mais de préférence dans l’Ouest et dans le centre de la France. Resterait à relever des origines plus lointaines encore.     

 

                                                                                                                                  Paul Doncoeur, S.J.


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