Histoire du Chapelet

CHAPELET

       DIZAINES

               DIZAINIER

                      BAGUE AUX VERTUS

                        

                 Depuis l’antiquité, le chapelet est utilisé comme procédé mnémonique, son usage serait peut-être aussi ancien que celui de la prière vocale elle-même. On le trouve un peu partout :

                 En Inde cette forme de dévotion serait pratiquée depuis le 5ème siècle avant Jésus-Christ. Le plus souvent porté en collier, sa forme et sa matière changeant suivant les sectes qui l’emploient. Les chapelets que le Ramanayâ nomme "djepian", du mot "djepa", prière se fabriquaient avec de l’or, de l’argent, des bois précieux, et les plus communs étaient en ivoire. On en faisaient avec des fleurs qui se flétrissaient au toucher et ne pouvaient servir qu’une fois.

                 Le Chapelet Brahmanique , le chapelet (mâla " guirlande " et japa-mâla " guirlande de prières " a été en usage en Inde logtemps avant qu’il fut connu en occident. Il incitait les ascètes à ne pas s’égarer dans les litanies.

                 Le Chapelet Bouddhique , emprunté au Brahmanique, la signification des grains est souvent symbolique.

                 Un chapelet de 108 grains permet encore de nos jour de réciter les mantras.

                 En Afrique, les mahométans se servent aussi de chapelets; ils prononcent le nom des attributs d’Allah en faisant glisser les grains entre leurs doigts. Ils considèrent que la prière est dite automatiquement quand le grain de chapelet file entre les doigts ( ils en font couler ainsi 6666; néanmoins, ils récitent souvent une formule à chaque passage d’un grain " Dieu est grand ".

                 En orient, les anachorètes chrétiens se servaient de petits globules de pierre ou de bois pour compter le nombre de leurs prières vocales. L’historien Palladius nous parle d’un solitaire nommé Paul qui avait coutume de tenir dans son sein trois cents petits cailloux et en jetait un chaque fois qu’il avait récité une prière. Ce même historien nous parle également de deux autres ascètes dont l’un récitait 700, l’autre 100 prières par jour et tenaient compte des prières récitées.

                 En Occident, les moines ne tardèrent pas à utiliser des grains percés d’un trou et enfilés sur un cordon comme l’avaient fait les disciples de Vishnu, Civa ou Brahma. Les Anglais disent que le vénérable Bède (moine et historien - 672-735) répandit cet usage, dont le chapelet actuel n’est qu’une copie perfectionnée. Les chrétiens disent systématiquement une prière par grain de chapelet et le but primitif de l’utilisation du chapelet semble être de compter les répétitions de l’Oraison dominicale. En effet, dans les " anciennes coutumes de cluny " par Udalric (1086) , quand on apportait le rouleau des morts annonçant le décès d’un frère étranger, les religieux récitaient alors cinquante psaumes ou cinquante fois l’Oraison Dominicale. Les Chevaliers du Temple, empêchés d’assister au choeur, et dont la règle fut rédigée vers 1028, devaient dire l’Oraison dominicale 57 fois en tout et pour un frère défunt, ils avaient a réciter 100 Pater par jour durant une semaine.

                 C’est Sainte Brigitte (VIème siècle) patronne de l’Irlande, qui aurait organisé sur ces grains la récitation des prières les plus courantes : le Pater et l’Ave. Sa pratique fut répandue avec les croisades, comme prière mariale (XIème siècle).

 

Origine du mot chapelet : ( chaplet en anglais, Schapel ou Schappel en allemand)

                Ce mot désigna d’abord une couronne de fleurs. An moyen Age, on s’en couvrait la tête dans les réceptions solennelles et dans les processions. Des miniatures du XVe S (Bourges) montrent, à la fête-Dieu, les notabilités, tous les membres du clergé, même les prêtres qui portent la civière de la monstrance, les porteurs du dais ou des cierges, les trompettes et les sergents la tête ornée de chapels de roses, de marjolaines et de violettes. Les dévots de la Vierge offraient tout naturellement à ses statues des chapelets fleuris.

               Un jour vint où le mot fut appliqué non seulement à ces couronnes de roses mais au couronnes de grains représentant les Ave qu’on dédiait à Marie.

               Le mot Rosaire vient de ce qu’on a assimilé cette prière à une guirlande de rose dont on ornait les statues de la vierge.

               Appelé aussi " Paternoster " puis " Patenôtre " il donna son nom au fabriquant de chapelet. Vers 1273, un patenôtre composé de 9 petits grains et d’un plus gros était utilisé par les chevaliers du Temple.

 

Les matériaux utilisés :

                Les chapelets (et Rosaires) doivent être de matière solide et durable : étain, plomb, bois ( buis, olivier, ...), fer, acier, ivoire, corail, perles, agate, cornaline,ambre, émail, albâtre, marbre, verre ou cristal solide. Il est défendu d’indulgencier des chapelets de verre soufflé, de plâtre ou d’autres substances semblables.

Arbre à chapelet : Non usuel commun à deux arbres :

- Aburs précatorius de la famille des papillonacés dont les graines rouges et noires servent à faire des chapelets.

- Melia azedarah de la famille des méliacées dont le noyau des fruits sert au même usage.

Les Patenôtriers, nom donné aux fabricant de chapelet formaient plusieurs corporations

                     - les Patenôtriers d’or et d’argent

                     - les Patenôtriers de Corail et de coquille

                     - les Patenôtriers d’ambre et de gest (jais)

       (A Saumur vers 1880 on en fabriquait 3 millions par an.)

Les bénédictions et les indulgences :

                En 1838 Léon XII autorise la bénédiction de chapelets de cinq, de dix ou de quinze dizaines. Les chapelets bénits par le Pape ou du moins par un prêtre autorisé à le faire en son nom son nommé " chapelets apostoliques ". La plupart des chapelets sont bénits et indulgenciés par un membre de l’ordre religieux qui les propage; c’est au supérieur de cet ordre que les prêtres qui le désirent doivent demander la permission de bénir et indulgencier de même.

               Un chapelet ne cesse pas d’être bénit ou indulgencié si on le prête, si on le donne, s’il est reçu en héritage; mais seulement si on le vend ou s’il est tellement brisé qu’il soit hors d’usage.

                Si donc quelqu’un achète des chapelets et qu’il les fasse bénir, il ne peut pas les distribuer ensuite et en recevoir le prix; il doit les distribuer gratuitement. Rien n’empêche pourtant de recevoir le prix d’un chapelet après qu’il a été bénit, si sa vente a été antérieure à sa bénédiction. Un chapelet qui n’a perdu que quatre ou cinq grains reste bénit. (Manière de dire le chapelet en 1871)

Les différents chapelets :

       1- Le Rosaire : appelé aussi " Psaumier de Marie " parce qu’il se compose de 150 grains comme il y a 150 psaumes dans le psaumier fut établit en 1470 par un dominicain breton residant en Hollande et nommé Alain de la Roque (en 1573 Grégoire XIII par une bulle en date du 1er Avril créa une fête annuelle du Rosaire). A chaque fois, méditation d’un mystère:

              5 joyeux : Annonciation, Visitation, Naissance de Jésus, Présentation au      Temple, Conversation avec les Docteurs.

              5 douloureux : Agonie au jardin des oliviers, Flagellation, Couronnement d’épines, Port de la Croix, Crucifixion.

              5 glorieux : Résurrection, Ascension, Descente du Saint Esprit, Assomption, Couronnement de la Vierge.

       2- Chapelet de la Sainte Vierge : le plus populaire et le plus connus de tous. Composé de cinquante petits grains sur lesquels on récite l’Ave, groupés par dizaines séparées par un grain plus gros, sur lequel on dit le Pater. (On y a ajouté le Credo, un Pater et trois Ave, placés au début, et un gloria entre les dizaines; ces prières ne sont pas considérées comme faisant partie du chapelet; leur récitation est facultative.)

       3- Chapelet du précieux sang : 1815-1909

Se compose de six séries de cinq Pater et un Gloria, plus une série de trois Pater et un Gloria.

       4- Chapelet des cinq plaies de N.-S. : 1823-1851

                Se compose de cinq séries de cinq Gloria en mémoire des plaies de N.-S., et d’un Ave en l’honneur de N.-D. des sept douleurs.

       5- Couronne de Notre-Seigneur : 1516

            Se compose de 33 petits grains et de 5 gros attachés à une croix ou une médaille. On récite sur chacun des petits grains un Pater en l’honneur des 33 années que le Sauveur vécut sur la terre, sur chacun des gros grains un Ave en l’honneur de ses plaies et l’on termine par un Credo en l’honneur des Saints Apôtres. Pendant le récitation on médite sur les mystères de la vie et de la passion de N.-S.

       6- Couronne apostolique : 1866

            Se compose de deux gros grains et de trois séries formées d’un gros grain et de onze petits. Ces petits grains rappellent les années de la vie terrestre de Jésus. Sur les petits on dit : " Très saint Coeur de Jésus, donnez-moi des âmes "; sur les gros grains on dit :   " Gloria ". La couronne n’est pas bénite et n’est même pas nécessaire pour gagner les indulgences.

       7- Chapelet de Sainte Brigitte : 1515-1897

            Divisé en six parties, ayant chacune un Credo, un Pater et dix Ave, après quoi on récite un septième Pater et trois Ave supplémentaires. Il y a donc en tout 63 Ave. Leur récitation a pour objet d’honorer le nombre égal d’année que Marie aurait passées sur la terre. Sainte Brigitte croyait savoir, dit-on, que la Sainte Vierge avait quinze ans quand elle mit Jésus au monde, et elle vécut encore Quinze ans après l’ascension (toujours ce nombre quinze!). Jésus étant mort à trente trois ans, on aboutit ainsi aux soixante-trois ans de Marie. Sans prendre à son compte cette chronologie, l’Eglise n’a pas jugé que la dévotion elle-même fût à blâmer.

       8- Une forme abrégée du chapelet de Sainte Brigitte, concédée en 1886, comprend cinq parties, ayant chacune un Credo, un Pater et dix Ave.

       9- Chapelet des sept douleurs : 1724

            Se compose de sept séries comprenant un Pater et sept Ave, en souvenir des sept douleurs de la Sainte Vierge, que l’on doit méditer en récitant.

     10- Chapelet des sept allégresses : Origine Franciscaine, 1515-1906

            Se compose de sept dizaines d’Ave, auxquelles on ajoute deux Ave pour honorer les 72 années de la Mère de Dieu.

    11- Chapelet de l’Immaculée-Conception : Capucin, 1845 - 1855

           Se compose de trois séries comprenant un Pater, quatre Ave et un Gloria, chaque série commençant par l’invocation : " Bénie soit la Sainte et Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie ". Il n’est ici pas besoin de se servir d’un chapelet matériel.

    12- Chapelet angélique : 1877

           Se compose de neuf groupes de trois petits grains et d’un gros grain, correspondant à trois Ave et un Pater qu’on récite en l’honneur de Saint Michel Archange et des neuf choeurs d’Ange.

    13- Chapelet de Mgr Authier de Sisgau  (Chapelet du Très-Saint-Sacrement) :

           Le chapelet entier dont les grains étaient répartis par dizaines, se disait à raison de soixante grains par jour et à chaque grain cette prière :

O Jésus, gloire à vous,  Qui vous cachez avec un amour extrême

Sous les deux espèces du Sacrement, Pendant tous les siècles du monde.

M. d'Authier voulait-il qu'on répétât  cette prière autant de fois que l'on compte d'années depuis l'institution de l'Eucharistie...

Il fallait donc au XVIIe siècle, un peu moins d’un mois pour réciter ce chapelet.

    14- Chapelet de Saint Michel :

           Se compose de 9 séries de 3 grains et 3 + 1 avant la médaille de St Michel.

      1. Chapelet du chemin de croix :

   Se compose de 15 séries de 3 grains séparées par les 14 stations du chemin de croix et de 6 grains avant la croix.

    15- Chapelet spécial des Camaldules : ( XI ème siècle)

           Se compose de 33 grains.

 *** Lorsque ces chapelets se voient adjoindre une (ou plusieurs) perle "tête de mort,  ils se disent "memento mori" (souviens-toi que tu mourras). 

          Lorsque la perle est   double face comme Janus "tête de mort et face de Jésus "c'est également un rappel de la mort et de la résurection de Jésus. "souviens toi qu'après la mort il y a une autre vie.....".

 

La Dizaine :

                 Sorte de bracelet formée de dix grains, d’un plus gros et d’une croix . La dizaine ne peut être indulgenciée.( Parfois formée de 4 fois 5 grains en parallèle deux par deux).

                  Les chevaliers de Malte au lieu du Rosaire portaient au côté dix grains attachés par un ruban noué en croix à l’une des extrémités. Pour compter le nombre de prières, ils avaient au doigt un anneau surmonté d’un chaton divisé par compartiments et roulant sur un axe. A chaque dizaine, ils faisaient tourner le chaton d’un cran, et une aiguille fixe indiquait le nombre de dizaine récitées. Cet ingénieux compteur, marqué aux armes de son propriétaire, était souvent un joyau du plus grand prix.

 

Le Dizainier : avant 1933

                Utilisé par les scouts, le dizainier n’est pas un chapelet, mais un disque de métal plat, ajouré au centre à la manière d’une bague, et portant dix encoches sur son pourtour et une petite croix avec Christ en argent en relief. Le directoire Aumônier scout : situation canonique, activité pastorale (éd. de 1944, déclare que ce dizainier peut recevoir les indulgences apostoliques, celles du chemin de la croix aux conditions ordinaires et les indulgences à l’article de la mort. En 1933 et 1937, le Saint-Siège a refusé de lui appliquer les indulgences du rosaire.

 

La bague Dizain ou " bague aux vertus " : Deuxième moitié du XIXe siècle.

Musée de Thouars et musée vendéen de Fontenay-le-Comte.

                 L’anneau, très étroit, porte des demi-perles, formant chapelet, sur son pourtour et à son sommet une plaque rectangulaire allongée terminée en triangle à chaque extrémité, contenant trois cartouches ovales avec les symboles de la Foi, de l’espérance et de la charité sur fond burelé. ( modèle en argent et en métal doré.)

( Vue en 1996 bague dizain en or avec croix de diamant)

La bague Rosaire : ( vers 1830)

Chaton croix gravée et garnie de turquoises.

 

BIBLIOGRAPHIE

 

- Grand dictionnaire universel du XIX ème siècle (1867)

- L’Histoire Ecclésiastique de FLEURY

- La Confrérie du Chapelet BACHELET

- Dictionnaire d’Archéologie Chrétienne et de Liturgie (1948)

- Le livre des métiers d’Etienne Boileau (ou Boyleau)

éd. Lespinasse et Bonnardot Paris 1879-1890 p XVI ( les Patenôtriers)

- L’aventure du chapelet au pays d’Ambert de Yolande Convert-Cuzin

éd. par l’Echo d’Ambert